René-Augustin BOUGOURD
Photographe d'art
Entre photographie et art plastique
« EAUX DORMANTES »
Jusqu’au seuil du XXe siècle, la peinture occidentale a été dominée par l’horreur du vide, tandis celle du Japon et de la Chine était fondée sur le jeu du vide et du plein, avec une extrême économie de couleurs.
Cet extrême du dépouillement, comme un idéal du « pas grand-chose et presque rien », je n’ai pu l’approcher que rarement, mais il est présent sous une autre forme, celle de l’attention portée aux formes végétales les plus communes et les plus humbles, plantains, rubaniers ou lentilles d’eau, comme les formes les plus éphémères d’un friselis sur l’eau ou d’une branche morte.
Dans cette mise en scène des choses humbles, le format du kakemono est déterminant, en renouvelant la vision, et en invitant à un cheminement dans l’image. Les paysages que traçaient à l’encre les lettrés chinois évoquaient un cheminement vers le détachement et la sagesse.
Ces images n’ont pas cette ambition, si ce n’est de célébrer la noblesse de ces zones humides encore si maltraitées, mais fondamentales pour la biodiversité.
La fréquentation du marais du Brénégui, sur la commune de Locmariaquer, a été déterminante, et m’a conduit à chercher d’autres paysages dont les eaux calmes sont propres, sinon à la méditation, du moins à l’observation de la vie sauvage, comme le marais du Mousterlin à Fouesnant.