Jean-Claude ATZORI
Il est question dans mes compositions, le plus souvent, d’être précis, de jouer parfois avec le hasard, de risquer une rupture ou un déséquilibre avant de retrouver un équilibre. Cela va avec l’emploi généreux des couleurs qui, en soi, me fascinent. Je compose comme un architecte insèrerait un bâtiment dans le quartier d’une ville. Les parties d’un tableau dialoguent, cherchent à s’entendre les unes avec les autres et à épouser la personnalité de l’ensemble. En outre, dans de nombreux cas, j’aime jouer sur une sorte de valse-hésitation entre le plan et l’espace.
Apollinaire à propos de Mondrian parlait de « cérébralité sensible ». Cette formule pourrait s’appliquer à mon travail. Toutefois loin d’adhérer à l’art conceptuel, quelque peu austère et désincarné, je propose plutôt un chemin où entrent en scène un imaginaire, un onirisme de formes abstraites, dans des paysages formels intériorisés, construits et équilibrés.
Delacroix déclarait avant sa mort : « le premier mérite d’un tableau est d’être une fête pour l’œil. » Ainsi il m’importe que celui ou celle qui regarde mes créations puisse y trouver quelques-uns des ingrédients suivants : plaisir, imagination optique, sensibilité et, pourquoi pas, spiritualité. Autrement dit, qu’un tableau soit autant ressenti que pensé.